Je suis ton soleil de Marie Pavlenko

Déborah entame son année de terminale sans une paire de chaussures, rapport à Isidore le chien-clochard qui dévore toutes les siennes et seulement les siennes. Mais ce n'est pas le pire, non. Le pire, c'est sa mère qui se fane, et la découverte de son père, au café, en train d'embrasser une inconnue aux longs cheveux bouclés. Le bac est en ligne de mire, et il va falloir de l'aide, des amis, du courage et beaucoup d'humour à Déborah pour percer les nuages, comme un soleil.

Je suis ton soleil a été une vraie bouffée d'air frais, une lecture à la fois pleine d'humour mais aussi plus profonde qu'il n'y parait. J'ai passé un bon moment de lecture.

Dans ce roman on suit Deborah, une jeune lycéenne de 17 ans sur le point de passer le bac. Nous la suivons pendant toute son année de terminale et assistons à tout ce qui fait la vie d'une adolescente de son âge : ses doutes, ses peurs, ses délires, ses remises en question et j'en passe. Elle trouve son père en compagnie d'une autre femme, a l'impression que sa mère perd la tête, s'éloigne de sa meilleure amie et se fait de nouvelles connaissances.

Bref, la description d'une tranche de vie plutôt banale, et pourtant ça fonctionne très bien. Deborah est une jeune fille attachante, qui m'a fait beaucoup rire. Les personnages sont bien croqués, et ce qu'ils vivent m'a rappelé plein de souvenirs et m'a ramené 10 ans en arrière (déjà ?!), bien que ce soit un roman qui fait très " titi parisien". J'ai beaucoup aimé Jamal et ses mygales.

Mais ce que j'ai apprécié par dessus tout dans ce livre, c'est la plume de l'auteur. Le ton est drôle, incisif, et c'est un vrai régal. J'ai eu parfois l'impression, grâce aux expressions farfelues de Deborah, de me retrouver dans une version un peu plus mature du Journal intime de Georgia Nicolson, romans qui m'avaient fait mourir de rire quand j'étais collégienne et que j'adorais. Et pourtant le roman aborde des thèmes qui ne sont pas évidents (la séparation, le suicide, l'amitié, la mort) avec beaucoup de délicatesse et de pudeur. J'ai d'ailleurs trouvé qu'il y avait un très bon équilibre entre le drame et la comédie dans cette histoire.

Pour conclure c'est donc un roman très rafraîchissant, qui certes n'a pas un scénario révolutionnaire, mais qui est une jolie description de la jeunesse d'aujourd'hui. A lire si vous aimez les young adult contemporains.

 , 75 / 5

Ce livre raconte plusieurs histoires en une seule et aborde plusieurs thèmes importants, parfois juste effleurés en quelques phrases qui en disent beaucoup. La gestion des relations entre les personnages, avec Déborah au centre de la toile, m'a énormément plu, notamment celles avec ses parents.

Ses parents m'ont paru opposés l'un à l'autre, mais avec un point commun : la communication n'est pas leur fort. D'un côté, sa mère s'enferme dans sa bulle, ignore son entourage, présente physiquement mais lointaine et hors de portée mentalement. De l'autre, son père est souvent absent, travaille soi-disant, essaye à sa façon d'entretenir le lien avec ses proches. Son comportement taciturne rend le rapport père/fille plus subtile et pourtant touchant. La protagoniste a plus de mal à garder ce contact, alors qu'elle soutient plus clairement sa mère. J'ai particulièrement aimé l'évolution de sa position vis-à-vis du couple que ses parents forment. Elle juge avant de comprendre que sa place est extérieure, cela ne la regarde pas.

C'est aussi une belle histoire d'amitié, déclinée sur différents niveaux : sa meilleure ami d'un côté, ses nouveaux camarades de classe de l'autre. C'est vraiment naturel et authentique. Déborah est une adolescente simple qui fait de son mieux. Elle écoute ses sentiments, en les bridant en même temps en quelque sorte, avant qu'un trop plein finisse par éclater.

La plume de l'auteure m'a plu. C'est simple et fluide. Le récit est rythmé et plein de bonne humeur malgré des événements plus sombres. Mais la vie est faite de rencontres, éphémères ou durables, fragiles ou solides, décevantes ou surprenantes, évolutives et avec son lot d'émotions.

Il en faut peu pour que tout bascule, dans un sens ou un autre. Pourtant, de ce roman, je retiendrais qu'un rayon de soleil suffit pour illuminer une journée.

 , 25 / 5