Teaser Tuesday #129

EmilieJolie a écrit:Je me lance, après une relecture de ces 2 tomes (ce sont mes chouchou en lecture M/M ) je vous fais découvrir la plume magnifique, poétique de Lily Haime.

Mathias, Tome 1: Sans toi.

Je ne savais pas ce qu’il m’arrivait au juste. Eden était mon incohérence. Une équation impossible à terminer. Il me manquait toujours une formule pour l’identifier. Pourtant, cette étreinte, je la comprenais. Plus même, je la connaissais. Elle était d’une farouche délicatesse. Elle avait la saveur d’un café. De cette amertume qui fait trembler et grimacer. Et pendant quelques secondes, on se demande si on ne va tout recracher. Mais le goût est tellement bon qu’on en reprend quand même. Parce qu’on est déjà accro. Plus on en boit et plus on a envie d’en boire. La caféine a beau vous porter sur les nerfs, vous coller des crises de tachycardie, rien ne pourrait vous empêcher de replonger la tête dans votre tasse. Même les médecins le recommandent avec parcimonie. Mais qu’il soit bon ou mauvais pour vous, quelle importance ? Vous continuez parce que vous adorez ça.

Eden avait cet effet sur moi. Il était ma drogue.

Mathias & Eden, Tome 2: Avec Toi.

Je l'aimais. Mais ces trois mots n'étais pas suffisants pour exprimer ce que je ressentais. Ils étaient pauvres en comparaison de ce que je voulais lui transmettre. Eden était ma croix et ma prison. Il était aussi mon avenir et ma maison. Ces idée s' opposaient mais il n'y avait rien de plus exact.

C'est là que tu te trompes. Que vous vous trompez tous! Eden, c'est moi. Et moi, c'est Eden. Prends t'en à lui, et c'est à moi que tu t'en prends! Fais-lui mal et c'est moi qui souffre.

       

À Janus, il n'y a aucune raison de parler. Des mois entiers peuvent s'écouler sans que Tom entende le son de sa propre voix. Il sait que certains gardiens mettent un point d'honneur à chanter, comme on ferait tourner un moteur pour vérifier qu'il est en état de marche. Mais Tom trouve une certaine liberté dans le silence. Il écoute le vent. Il observe les moindres détails de la vie sur l'île.
De temps à autre, comme apporté par la brise, le souvenir du baiser d'Isabel flotte dans son esprit : le toucher de sa peau, toute sa douceur. Et il pense aux années durant lesquelles il lui avait été impossible d'imaginer qu'une telle chose pût lui arriver. Sa simple compagnie lui avait permis de se sentir, d'une certaine façon, plus propre, ranimé. Et pourtant cette sensation le replongeait dans les ténèbres, dans ces galeries de chair déchirée et de membres tordus. Trouver un sens à tout ça... c'est là que résidait le défi. Témoigner de ces morts sans être brisé par leur poids. Il n'y avait aucune raison pour qu'il soit encore en vie, en un seul morceau. Soudain, Tom se rend compte qu'il pleure. Il pleure pour les hommes fauchés à sa gauche et à sa droite, alors que la mort ne manifestait pour lui qu'indifférence. Il pleure les hommes qu'il a tués.

"Mais comment ? Comment fais-tu pour surmonter ça, mon chéri ? lui avait-elle demandé. Tu as enduré tellement d'épreuves, mais tu es toujours content. Comment fais-tu ?
- J'ai choisi ds l'être, avait-il répondu. Je peux laisser ruiner mon passé, consacrer mon temps à haïr les gens pour ce qu'ils m'ont fait, comme mon père l'a fait, ou je peux pardonner et oublier.
- Mais ce n'est pas si facile."
"Oui, mais, trésor, c'est tellement moins fatigant. Il suffit de pardonner une fois. Tandis que la rancune, il faut l'entretenir à longueur de journée, et recommencer tous les jours. Il faudrait que je fasse une liste pour m'assurer que je hais bien tous ceux qui m'ont causé du tort. Non, avait-il ajouté, on a tous la possibilité de pardonner."