Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi de Mathias Malzieu

Présentation éditeur :
Mathias, un jeune homme d’une trentaine d’années, vient de perdre sa mère. Sur le parking de l’hôpital, il rencontre un géant qui l’aide à accepter de vivre malgré cette disparition et l’invite à un voyage fantastique dans le pays des morts. Cette évasion dans l’imaginaire lui permettra de passer d’un monde enfantin peuplé de super héros rassurants au monde plus cru et cruel des adultes.

Dans la lignée d’un Tim Burton ou d’un Lewis Carroll, Mathias Malzieu signe ici un texte unique, à la fois conte d’initiation survolté et roman intimiste bouleversant. Un texte d’une force, d’une drôlerie et d’une poésie universelles, écrit parfois comme on peut crier sa douleur, ou l’envelopper dans le coton de ses rêves.

Mon avis :
Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi est un conte autobiographique plus qu’un roman. Il débute juste après la mort de la mère du héros (double de papier de l’auteur), suite à une longue maladie. Mathias est sur le parking de l’hôpital, complètement désemparé et perdu. Il rencontre alors Jack, un géant qui se présente à lui comme un « docteur en ombrologie » :

Je suis Jack-le-Géant, docteur en ombrologie, médecine par les ombrrrllles. Je soigne les gens atteints de deuil en leur administrant plâtres et cataplasmes pour le cœur, fabriqués à partir de mon ombre. La vie malgré la mort, je connais, je suis un spécialiste.

Jack va aider Mathias à surmonter cette perte, en lui offrant des livres et une ombre (à la fois cape de super héros et doudou enfantin), et en étant à ses côtés, l’écoutant et le réconfortant.

Sers-toi de ton ombre, lis, rêve, repose-toi, amuse-toi, même si ça te paraît aussi impossible que le jour où tu as essayé de faire ton premier accord de guitare. Ne cède rien au désespoir ! Utilise tes rêves. Et même s'ils sont cassés, recolle-les ! Frotte-les à ton ombre magique, tu verras mon gars ! Un rêve brisé bien recollé peut devenir encore plus beau et solide.

Ce roman, le premier de l’auteur, est écrit à la première personne, et on alterne entre les passages où Mathias décrit ses pérégrinations avec Jack et leurs dialogues, et les moments où il s’adresse à sa maman. Dans ces moments-là, il ressemble à un petit enfant perdu qu’on a envie de réconforter. Comme un petit, il se questionne sur la vie après la mort, se demande comment il va continuer sans elle, comment son père et sa sœur vont gérer ça.

Maintenant, il fait tout le temps nuit sur toi, tu reçois des lettres, on les donne à lire à tes vêtements, ça ne les déplie pas. Est-ce que je peux t'envoyer un peu d'Espagne, du bon champagne et deux, trois livres, maintenant qu'ils te foutent la paix avec leurs tuyaux dans le nez et le ventre, que tu n'as plus à te forcer à manger et à décrocher le téléphone?
Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, est-ce que tu es partie te cacher dans un caillou, un plat à tartes, un nouveau-né, un tissu, un œuf, une broderie et comment c'est maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi ?

Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi m’a vraiment émue, ce n’est pas un livre qu’on lit avec gourmandise et légèreté. Pourtant, malgré la tristesse du sujet, c’est un beau roman, poignant, plein de fantaisie et de poésie. J’y ai retrouvé tout ce que j’aime chez Mathias Malzieu : le folie douce, le côté décalé, et l’univers enfantin teinté de noirceur, à rapprocher de l’univers du cinéaste américain Tim Burton.

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